Adaptation galénique pédiatrique, quand l’accès compassionnel ne suffit pas : cas de la Clindamycine

4 octobre 2023

M. Jacquet, R. Mazet, J. Arata-Bardet, M. Durand, S. Chanoine, M.-D. Brunet, P. Bedouch
Centre Hospitalier Universitaire Grenoble-Alpes, France

Contexte et Objectifs
Nous présentons le cas d’un enfant de 6 ans (26,3 kg) atteint d’une ostéomyélite à S. aureus sensible à la méticilline suite à une fracture ouverte de phalange. Cet enfant a reçu 5 jours de cloxacilline IV avec relais per os par cotrimoxazole et rifampicine. A J15, devant une toxicité cutanée et une neutropénie liées au cotrimoxazole, ce dernier a été remplacé par la clindamycine. Des spécialités commercialisées (gélules) et en accès compassionnel (suspension buvable) existent mais ne sont malheureusement pas adaptées à cet enfant : gélules de tailles trop importantes pour être avalées et palatabilité médiocre lors de la prise dans l’alimentation [1]. L’objectif de ce travail a été de trouver une solution adaptée à cet enfant afin d’assurer l’adhésion thérapeutique et l’efficacité du traitement.

Matériel et méthodes
Dans un premier temps, nous avons cherché à masquer l’amertume des spécialités par 8 aliments décrits dans la littérature pour leurs propriétés de masquage de la clindamycine. Pour chaque aliment la palatabilité a été évaluée sur 3 personnes selon 4 critères (moyenne sur 10) : goût (sur 5), arrière-goût (sur 5), odeur (sur 2) et texture (sur 2). Dans un second temps, nous avons envisagé la préparation de gélules de clindamycine de taille adaptée à l’enfant. Deux tailles de gélules vides (4 et 5) ont été données aux parents afin d’évaluer la plus grande taille de gélule avalable. Un abaque de la quantité maximale de clindamycine pour chaque taille de gélules a été construit.

Résultats
Les meilleurs résultats de masquage ont été obtenus avec la crème dessert chocolat (6,7/10) et le chocolat blanc (6,7/10). Pour obtenir le meilleur résultat, il fallait prendre du chocolat avant et après la crème dessert afin de tapisser la bouche [2]. La palatabilité restant relativement médiocre et la marche à suivre étant complexe, nous avons testé la seconde option en réalisant des gélules sur-mesure. L’enfant est arrivé à avaler des gélules de taille 4 contenant 105mg de clindamycine, ce qui représentait une administration de 5 gélules 2 fois par jour. Après 6 semaines de traitement sans difficulté, la guérison a été considérée comme complète d’un point de vue clinique, biologique et radiographique.

Discussion - Conclusion
que des formes commerciales existent, leur médiocre palatabilité est un frein à l’adhésion thérapeutique, particulièrement dans la population pédiatrique. La réalisation de formes pharmaceutiques adaptées permettant le masquage du goût est indispensable pour assurer l’efficacité du traitement. Les pédiatres de notre établissement disposent dorénavant de gélules vides de tailles différentes afin de pouvoir prescrire d’emblée, dans ce type de situation, les gélules adaptées. Cependant, le problème subsiste pour les enfants ne pouvant pas avaler de gélules.

Bibliographie
[1] Gee SC, Hagemann TM. Palatability of liquid anti-infectives : clinician and student perceptions and practice outcomes. J Pediatr Pharmacol Ther. 2007 ;12(4):216-223. doi:10.5863/1551-6776-12.4.216
[2] Truong S, Tang EKY, Khan RN, et al. Prior administration of chocolate improves the palatability of bitter drugs : The Choc-with-Med study. J Paediatr Child Health. 2021 ;57(8):1267-1273. doi:10.1111/jpc.15448

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