Analyse d’impact de la sécurisation du circuit des chimiothérapies par l’informatisation et la technologie RFID

Introduction
Les préparations cytotoxiques sont des médicaments à risque qui requièrent une sécurisation complète de leur circuit. Pour ce faire, des moyens informatiques ont été déployés dans le service de soins, et l’identification par lecteurs codes-barres puis par radiofréquence (RFID) ont été mis en place. L’objectif de cette étude a été d’analyser l’impact a priori de la mise en œuvre séquentielle de l’informatisation, de la vérification des codes-barres et de la technologie d’identification par radiofréquence sur le circuit de chimiothérapie.

Méthodes
Une analyse de risque séquentielle a été réalisée sur 3 étapes clefs de la transformation de l’organisation (initiale, informatisée et sécurisée par la RFID). 6 réunions brainstorming d’une durée de 2h ont été réalisées par 3 groupes pluridisciplinaires composés des acteurs impliqués dans le parcours de soin du patient. La méthode forces, faiblesses, opportunités, menaces (FFOM) a permis d’identifier les risques puis 2 analyses des modes de défaillances, de leurs effets et de leur criticité (AMDEC) ont permis de définir les actions correctives nécessaires à la construction d’une stratégie de déploiement de ces technologies. Les points de blocages résiduels ont été mis en évidence et des moyens de maîtrise ont été validés et hiérarchisés dans le temps par une analyse d’impact.

Résultats
Le FFOM a permis d’identifier 5 faiblesses du circuit initial, 5 menaces du circuit informatisé et sécurisé par codes-barres et 5 menaces apportées par la RFID. 56 modes de défaillances ont été analysés par la méthode AMDEC. Lors de la sécurisation par code barre, les risques inacceptables et tolérables sous contrôle ont été réduits de 31 à 26 (-9%) avec une réduction des risques inacceptables de 14 à 7 (-50%) par les actions correctives. Lors de la sécurisation par puces RFID, les risques inacceptables et tolérables sous contrôle ont été réduits de 26 à 16 (-18%), avec une réduction des risques inacceptables de 7 à 2 (-71%). Enfin, l’analyse d’impact a identifié 9 points de blocages pour le déploiement des différentes phases de sécurisation. 3 étaient à lever dès l’informatisation du service (simplification support de prescription), 2 durant la phase de test RFID (fiabilité des numéros de séjour), 2 pendant la phase pilote (paramétrage) et 2 après la phase déploiement (backup).

Discussion
La mise en place d’une analyse de risque séquentielle couplée à une analyse d’impact a permis d’appréhender une phase de transformation complexe du circuit des chimiothérapies tout en sécurisant les étapes clefs du déploiement. Cette méthode a permis d’évaluer par étapes successives la criticité des risques liés à un changement d’organisation, de mesurer l’efficacité des moyens de maitrises, d’ajuster la stratégie de déploiement par l’analyse d’impact des actions et l’identification des nouveaux points de blocages. Parmi les nouvelles menaces identifiées majorées par la dématérialisation des supports de travail, le risque de cyber-attaque sera un axe de travail majeur.