Analyse des préparations de chimiothérapies non administrées (NA) : retour sur 5 ans d’expérience
23 novembre 2020
E. DI FALCO , J. SANTASOUK, O. KAATZ-ESCHBACH, J. BOURBON, JD. KAISER Service Pharmacie-Stérilisation, Hôpitaux Civils de Colmar, 39 avenue de la Liberté, 68024 COLMARIntroduction
L’organisation mise en place au sein de notre établissement conduit souvent à des validations médicales et pharmaceutiques des prescriptions avant la venue du patient en hôpital de jour. Le seuil de 1% de préparations de chimiothérapie NA est souvent cité comme référence. Le but de ce travail est d’évaluer l’évolution des préparations NA de 2015 à 2019, d’un point de vue quantitatif, financier, ainsi que l’analyse des motifs de non-administration.
Matériel et méthode
L’activité annuelle de production des chimiothérapies est extraite du logiciel CHIMIO®. Parallèlement, un suivi régulier des pertes est mis en place depuis 2014 via un support Excel® avec un recueil prospectif des préparations NA répertoriant : le principe actif, le dosage, le coût de la préparation, le motif de retour, la réattribution de la préparation le cas échéant. Le coût des préparations est calculé à partir du prix/mg des principes actifs. L’analyse des motifs de non-administration est effectuée à l’aide des dossiers médicaux des patients et des motifs saisis dans le logiciel CHIMIO®.
Résultats
En 2019, 24 042 préparations ont été réalisées soit une hausse d’environ +12% depuis 2015. De même, 354 préparations ont été retournées en 2019 soit une hausse de +80% par rapport à 2015. Parmi ces préparations retournées, 89% (315/354) n’ont pas pu être réattribuées et étaient NA, soit une hausse de près de +65% par rapport à 2015. Rapporté à l’activité, le taux de préparations NA et non réattribuées augmente de 0,42% depuis 2015 pour atteindre 1,31% en 2019, avec en moyenne 0,10% d’augmentation par année. Le coût global des préparations NA augmente de 241% en 2019 par rapport à 2015 et se chiffre à 149 286€. Cette augmentation est principalement liée à la prescription croissante d’immunothérapies dont la préparation est anticipée pour certaines (ex : nivolumab, pembrolizumab). Cependant, ces préparations anticipées et NA sont systématiquement réattribuées. La réattribution est 10 fois plus importante en 2019, permettant une atténuation des pertes de 79 688€. Ainsi, le coût global des NA est de 69 598€ (+80% par rapport à 2015). Les motifs majeurs de non-administration sont similaires d’une année à l’autre : les motifs cliniques et/ou biologiques (43%), les changements de prescription après feu vert (37%).
Discussion-Conclusion
Ces résultats seront transmis aux services de soins concernés pour réflexion et proposition d’axes d’amélioration afin de nous permettre de redescendre sous le seuil de 1% de préparations NA (motifs cliniques/biologiques, non venues des patients et changements de prescriptions). Ces propositions consistent par exemple à l’appel des patients la veille de leur venue. L’extension du 2ème feu vert après consultation médicale ou à l’arrivée du patient, déjà mis en place pour les molécules onéreuses, sera également discutée. Une fois appliquées, l’efficacité de ces mesures sera évaluée par des audits.